En France, une personne condamnée à une longue peine peut tout de même demander sa remise en liberté avant d’avoir purgé l’intégralité de sa peine. Ce droit s’explique par trois mécanismes juridiques : la confusion des peines, la période de sûreté, et les demandes d’aménagement de peine.
L’actualité récente — notamment la demande de libération d’un homme condamné en 2018 à 30 ans pour viols — illustre parfaitement comment fonctionne ce système. Voici, étape par étape, pourquoi un condamné peut légalement solliciter sa remise en liberté.
Table des matières
1. Une condamnation à 30 ans n’est pas nécessairement une détention de 30 ans
En droit pénal français, lorsqu’un tribunal prononce 30 ans de réclusion criminelle, cela ne signifie pas que le condamné restera en prison 30 ans “jour pour jour”.
Trois éléments peuvent réduire la durée effective :
- la confusion des peines,
- la période de sûreté,
- les règles d’aménagement de peine.
Ces mécanismes ne “minimisent” pas le crime : ils existent pour garantir un cadre légal identique pour tous les condamnés, quels que soient leurs actes.
Exemple dans l’actualité :
Dans l’affaire révélée le 14 novembre 2025, l’homme condamné à 30 ans avait déjà été condamné auparavant à 18 ans de prison pour d’autres faits.
La cour d’assises a décidé en 2018 d’appliquer une confusion des peines, ce qui signifie que seule la plus lourde s’exécute.
Concrètement, il ne restait plus que 30 ans à exécuter, les 18 ans étant absorbés.
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2. La période de sûreté : la partie incompressible de la peine
Lorsqu’une personne est condamnée à une longue peine, la cour peut décider d’une période de sûreté, pendant laquelle le condamné ne peut pas demander d’aménagement de peine.
Dans le cas rapporté par la presse :
- la peine était de 30 ans,
- la période de sûreté était de 20 ans.
Cela signifie que pendant 20 ans, aucune demande de libération, aménagement, ou réduction n’est juridiquement possible.
Bon à savoir :La période de sûreté n’est pas une option automatique : elle est prononcée par les juges en fonction de la gravité des faits.
Une fois cette période terminée, la loi autorise le condamné à formuler une demande, sans garantie d’acceptation.
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- le condamné a purgé la période de sûreté,
- il a donc le droit de déposer une demande,
- mais rien n’indique qu’elle sera acceptée.
- La peine de 18 ans pour les viols précédents a été confondue avec la peine de 30 ans.
- Seule la plus importante (30 ans) s’exécutait,
- réduite à 20 ans incompressibles grâce à la période de sûreté.
- analyser les risques de contact,
- déterminer si un éloignement géographique est nécessaire,
- éviter toute situation dangereuse.
- dangerosité,
- capacité de réinsertion,
- risques de récidive,
- compréhension des faits.
- refuser purement et simplement,
- exiger un bracelet électronique,
- imposer un placement en centre spécialisé,
- prononcer un contrôle judiciaire renforcé.
- de l’expertise psychiatrique,
- des réquisitions du parquet,
- de l’audience contradictoire,
- et du risque de récidive.
- Un condamné à 30 ans peut demander une libération après sa période de sûreté.
- La “confusion des peines” peut réduire le nombre total d’années à exécuter.
- Le JAP reste libre d’accepter ou refuser la demande.
- Les expertises psychiatriques et l’évaluation du danger sont décisives.
- La demande ne signifie jamais une libération automatique.
3. Pourquoi peut-il demander sa libération après sa période de sûreté ?
Parce que la loi assure un principe fondamental :
– après la période de sûreté, un condamné reste libre de demander un aménagement,
– mais les juges restent libres de refuser.
C’est le rôle du juge d’application des peines (JAP).
Pour accepter une remise en liberté, ce juge doit vérifier :
Dans l’affaire évoquée :
Le parquet l’a rappelé :
“La demande ne signifie nullement que la libération sera accordée.”
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4. La confusion des peines : une règle méconnue mais légale
La confusion des peines est prévue par l’article 132-4 du Code pénal.
Elle permet au juge de décider que plusieurs peines se cumulent… ou s’exécutent en même temps.
Dans le dossier très médiatisé :
C’est ce qui explique qu’en 2025, la personne ait légalement terminé sa période obligatoire.
5. Pourquoi la famille de la victime est sous le choc ?
Les victimes ne sont jamais consultées avant qu’un condamné ne dépose une demande de libération.
En revanche, le JAP peut demander une évaluation de l’impact de la libération sur la victime, ce qui est arrivé dans cette affaire.
Le droit prévoit cette étape pour :
Cela ne signifie pas que la libération sera accordée ; seulement que l’instruction de la demande suit son cours.
A LIRE : Comment demander une mesure de protection en urgence après la libération d’un agresseur ?
6. Le rôle central de l’expertise psychiatrique
Pour les condamnations pour viols, agressions sexuelles ou actes sur mineurs, l’expertise psychiatrique est obligatoire.
Elle doit analyser :
Sans conclusion favorable, la demande est presque toujours rejetée.
7. Peut-il vraiment sortir ?
La réponse est : oui, il peut demander, mais non, ce n’est pas automatique.
Le JAP peut :
Dans cette affaire, la décision finale dépendra :
En pratique, les libérations de condamnés pour crimes sexuels graves restent exceptionnelles.
8. À retenir
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Un avocat peut accompagner les victimes comme les mis en cause dans les démarches liées à la détention, aux libertés conditionnelles ou aux aménagements de peine.
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