👉 Chaque été, la canicule revient avec son lot de difficultés pour les travailleurs. Températures extrêmes, risques pour la santé, fatigue accrue… le sujet devient d’autant plus sensible que le changement climatique rend ces épisodes plus fréquents. Dans ce contexte, les salariés s’interrogent : quels sont mes droits en cas de canicule ? Et les employeurs doivent savoir : quelles sont mes obligations légales ?
En droit français, la canicule n’est pas un cas prévu comme tel dans le Code du travail. Pourtant, plusieurs textes et recommandations encadrent la protection des salariés exposés à la chaleur, notamment dans le BTP, la fonction publique ou encore les activités de bureau.
Cet article vous explique de manière claire et pratique ce que dit la loi, avec un focus sur le Code du travail, le BTP et les horaires en période de canicule.
Table des matières
Quelles sont les obligations générales de l’employeur pendant la canicule ?
La première règle à retenir : l’employeur a une obligation de sécurité vis-à-vis de ses salariés (article L.4121-1 du Code du travail). Cela signifie qu’il doit protéger leur santé physique et mentale, y compris contre les risques liés aux fortes chaleurs.
Concrètement, cela implique :
- Mettre à disposition de l’eau potable fraîche et en quantité suffisante.
- Adapter l’organisation du travail pour limiter l’exposition à la chaleur.
- Informer les salariés des risques liés aux fortes chaleurs.
- Mettre en place des mesures de prévention adaptées (ventilation, climatisation, pauses supplémentaires).
Bon à savoir : Le non-respect de cette obligation peut engager la responsabilité civile et pénale de l’employeur. Un salarié victime d’un coup de chaleur sur son lieu de travail peut obtenir réparation si l’entreprise n’a pas pris les mesures nécessaires.
Découvrez nos avocats experts en contrat de travail
Canicule et BTP : que prévoit la loi ?
Le secteur du BTP est particulièrement concerné, car les salariés travaillent souvent en extérieur et sont directement exposés au soleil. On parle ici de « loi canicule BTP », bien qu’il n’existe pas de texte unique. En réalité, ce sont les règles générales du Code du travail qui s’appliquent, complétées par des recommandations de l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics).
Les principales obligations pour le BTP en cas de canicule sont :
- Mettre à disposition au moins 3 litres d’eau potable par jour et par salarié.
- Prévoir des zones d’ombre ou des abris pour les pauses.
- Adapter les horaires de travail pour éviter les heures les plus chaudes.
- Former les salariés à reconnaître les symptômes du coup de chaleur.
Exemple concret : un chantier peut démarrer plus tôt le matin, suspendre les travaux entre 13h et 16h, puis reprendre en fin d’après-midi. C’est une mesure de prévention directement recommandée par l’OPPBTP.
Bon à savoir : Certains chantiers peuvent être temporairement interrompus si les conditions mettent en danger la santé des travailleurs. L’inspection du travail peut intervenir et exiger des aménagements immédiats.
Besoin d'un avocat pour un contrat de travail ?
- Article R.4225-2 : obligation d’un accès à l’eau potable fraîche.
- Article R.4225-3 : obligation de mettre à disposition des locaux ou abris contre les intempéries.
- Article L.4121-1 : obligation générale de sécurité.
- Dans le privé : l’employeur peut avancer les horaires (démarrage à 6h30 par exemple) et suspendre l’activité aux heures les plus chaudes.
- Dans la fonction publique : il existe des mesures d’assouplissement comme le télétravail, la modulation des horaires ou l’autorisation de départ anticipé.
- Pour les salariés en bureau : l’employeur doit s’assurer d’une température supportable. Le Code du travail ne fixe pas de seuil maximal, mais l’INRS recommande de ne pas dépasser 30 °C pour un travail de bureau et 28 °C pour un travail nécessitant une activité physique légère.
- Les températures rendent le travail dangereux (risque de coup de chaleur).
- L’employeur n’ait pas mis en place de mesures de protection suffisantes.
- Fournir des équipements adaptés (casquettes, vêtements légers, lunettes de protection).
- Installer des ventilateurs ou climatiseurs dans les locaux.
- Prévoir des pauses régulières dans des endroits frais.
- Mettre en place des dispositifs de télétravail lorsque cela est possible.
- Civile : indemnisation du salarié victime d’un coup de chaleur.
- Pénale : sanctions pour mise en danger de la vie d’autrui.
- Administrative : intervention de l’inspection du travail et arrêt temporaire des travaux.
- Le droit de retrait existe mais doit être exercé avec prudence.
- L’employeur a une obligation de sécurité (Code du travail).
- Le BTP est particulièrement encadré (eau, pauses, horaires adaptés).
- La fonction publique peut adapter les horaires en cas de canicule.
Canicule BTP et Code du travail : quelles règles précises ?
Le Code du travail ne fixe pas de seuil de température au-delà duquel il est interdit de travailler. Cependant, il prévoit plusieurs dispositions applicables aux métiers du BTP :
Exemple : un employeur qui laisse ses salariés travailler en plein soleil à 40 °C sans accès à de l’eau fraîche ni pauses régulières peut être poursuivi pour manquement à son obligation de sécurité.
A lire aussi : Comment récupérer ses congés payés BTP après démission ?
Quels aménagements d’horaires en période de canicule ?
La gestion des horaires de travail est un levier important en période de canicule. Dans le secteur privé comme dans la fonction publique, il est possible d’adapter l’organisation pour limiter les risques.
Bon à savoir : Les représentants du personnel (CSE) peuvent demander des aménagements spécifiques si les conditions de travail deviennent trop difficiles.
Le droit de retrait en cas de canicule : quand l’exercer ?
Un salarié peut se demander s’il a le droit de refuser de travailler en cas de canicule. Le Code du travail prévoit un droit de retrait (article L.4131-1) lorsqu’un salarié estime être exposé à un danger grave et imminent pour sa santé.
Dans la pratique, il faut que :
Exemple : un salarié du BTP contraint de travailler sans eau ni pause à 40 °C peut exercer son droit de retrait.
Attention cependant : le droit de retrait doit être justifié. Si l’employeur a pris toutes les mesures nécessaires, il peut contester l’abus du salarié.
La prévention des risques liés à la chaleur
La prévention est la clé pour limiter les risques liés à la canicule. L’employeur doit intégrer le risque de chaleur dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).
Parmi les mesures de prévention possibles :
Nos conseils pour toucher le chômage après un abandon de poste
Canicule et télétravail : une alternative possible ?
En période de canicule, le télétravail peut être une solution, surtout pour les métiers administratifs. Il permet d’éviter les déplacements et d’aménager son espace de travail plus facilement.
Cependant, l’employeur doit s’assurer que le salarié dispose de conditions adaptées chez lui. Un logement mal isolé peut être tout aussi difficile à supporter qu’un bureau surchauffé.
Quelles sanctions pour l’employeur en cas de manquement ?
Un employeur qui ne respecte pas ses obligations en cas de canicule peut engager sa responsabilité civile et pénale.
Conclusion : anticiper pour protéger salariés et entreprises
La canicule n’est pas seulement un inconfort : c’est un risque professionnel majeur. Les employeurs doivent anticiper, informer et protéger leurs salariés. De leur côté, les travailleurs doivent connaître leurs droits pour se protéger efficacement.
En résumé :
Donnez votre avis sur cet article