Le harcèlement moral au travail concerne aujourd’hui des milliers de salariés en France. Parfois insidieux, il s’installe dans le quotidien professionnel sous forme de critiques répétées, d’isolement, ou de perte de responsabilités. Ces comportements répétés portent atteinte à la dignité du salarié, altèrent sa santé mentale et compromettent son avenir professionnel.
À travers des exemples concrets, cet article explique comment reconnaître le harcèlement moral au travail, quelles en sont les conséquences et quels recours la loi offre aux salariés victimes.
Table des matières
Qu’est-ce que le harcèlement moral au travail ?
Le harcèlement moral au travail est défini par l’article L1152-1 du Code du travail :
« Aucun salarié ne doit subir des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. »
Autrement dit, il s’agit de comportements répétés, intentionnels ou non, qui ont pour conséquence d’instaurer un climat hostile ou humiliant au sein de l’entreprise.
Le harcèlement moral au travail peut venir :
- d’un supérieur hiérarchique (management toxique, abus d’autorité),
- d’un collègue (jalousie, rivalité, moqueries),
- ou même d’un subordonné, lorsqu’un salarié exerce une pression constante sur son responsable.
Bon à savoir : Le harcèlement moral au travail est interdit, qu’il soit exercé de manière individuelle ou collective, et quelle que soit la taille de l’entreprise.
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Harcèlement moral au travail : exemples de comportements typiques
Le harcèlement moral ne se résume pas à une dispute ou un désaccord ponctuel. Il repose sur une répétition d’actes hostiles sur une durée significative. Voici plusieurs exemples concrets recensés par les juridictions françaises.
1. L’humiliation publique ou la dévalorisation constante
Un supérieur qui critique systématiquement son salarié devant ses collègues, qui se moque de lui ou remet en cause sa compétence à chaque réunion, commet des agissements humiliants.
Exemple : un manager dénigre régulièrement un employé devant l’équipe, en soulignant ses erreurs ou en le ridiculisant pour son apparence.
2. L’isolement volontaire du salarié
Le harcèlement moral peut aussi consister à exclure un salarié de la vie de l’entreprise : ne plus l’inviter aux réunions, l’écarter des échanges d’équipe ou lui retirer l’accès à certains outils.
Exemple : un salarié découvre que ses collègues participent à des réunions de projet sans lui, ou qu’il ne reçoit plus les courriels internes.
3. La surcharge de travail délibérée
Certains employeurs cherchent à épuiser un salarié pour le pousser à la faute ou à la démission.
Exemple : un cadre reçoit des objectifs inatteignables ou des missions supplémentaires sans moyens adaptés, accompagnés de remarques dévalorisantes sur sa “lenteur”.
4. La privation de tâches ou la mise au placard
À l’inverse, le harcèlement peut consister à retirer toute activité utile à un salarié.
Exemple : un collaborateur se retrouve sans dossier à traiter pendant des semaines, relégué dans un bureau isolé, sans raison objective.
5. Les propos ou gestes déplacés à connotation morale ou dégradante
Le harcèlement moral peut s’accompagner de propos blessants, dénigrants ou discriminatoires, notamment sur le physique, l’âge, le genre, ou la vie personnelle.
Exemple : un collègue lance régulièrement des plaisanteries humiliantes sur la vie privée ou la santé d’un salarié.
6. L’instauration d’un climat de peur ou d’instabilité
Certaines directions utilisent la menace de sanction, de mutation ou de licenciement pour maintenir la peur.
Exemple : un salarié reçoit des avertissements infondés ou des reproches vagues sur son “manque d’esprit d’équipe”.
Bon à savoir : Un seul incident ne suffit pas à caractériser un harcèlement moral au travail. Il faut prouver une répétition et une dégradation des conditions de travail.
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- échanges de mails ou SMS comportant des propos déplacés,
- témoignages de collègues,
- attestations médicales (arrêts maladie, anxiété, dépression),
- relevés d’entretien ou comptes rendus de réunions,
- certificats du médecin du travail ou du psychologue.
- anxiété, perte de confiance, troubles du sommeil,
- burn-out, dépression, isolement social,
- arrêts maladie répétés ou inaptitude au travail.
- à son manager (s’il n’est pas l’auteur des faits),
- au service des ressources humaines,
- au médecin du travail,
- au Comité social et économique (CSE) ou à un syndicat.
- la nullité du licenciement,
- la résiliation judiciaire du contrat,
- et l’octroi de dommages et intérêts.
Comment prouver le harcèlement moral au travail ?
La charge de la preuve est partagée entre le salarié et l’employeur.
Le salarié doit présenter des éléments de fait précis et concordants permettant de présumer l’existence d’un harcèlement moral.
L’employeur doit ensuite démontrer que ces agissements ne constituent pas du harcèlement, mais reposent sur des motifs objectifs.
Les preuves recevables
Exemple :
Une salariée produit des mails montrant des critiques répétées et injustifiées de son supérieur. Le juge prud’homal y voit un faisceau d’indices suffisant pour présumer le harcèlement moral.
Bon à savoir : Il n’est pas nécessaire de prouver une intention de nuire : c’est l’effet des comportements sur le salarié qui compte, pas l’intention de leur auteur.
Pour aller plus loin : 5 moyens de prouver le harcèlement moral au travail
Les conséquences du harcèlement moral au travail
Le harcèlement moral a des répercussions graves, à la fois personnelles et professionnelles.
Sur la santé du salarié
Le harcèlement entraîne souvent :
Selon l’INRS, près d’un salarié sur cinq dit avoir déjà ressenti une forme de harcèlement moral au travail au cours de sa carrière.
Sur la vie professionnelle
Un salarié victime de harcèlement moral risque la mise à l’écart, la perte d’évolution de carrière, voire la rupture de son contrat.
Dans les cas les plus graves, la situation peut déboucher sur un licenciement abusif, une démission contrainte ou une retraite anticipée pour raisons médicales.
Bon à savoir : La reconnaissance du harcèlement moral au travail par le juge ouvre droit à une indemnisation intégrale du préjudice subi, moral comme financier.
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Que faire en cas de harcèlement moral au travail ?
Dès les premiers signes, il est essentiel d’agir sans attendre.
Étape 1 : En parler et alerter
Le salarié peut s’adresser :
Exemple :
Un salarié victime d’humiliations régulières saisit le CSE. Une enquête interne est ouverte, qui confirme les faits. L’entreprise prend alors des mesures disciplinaires.
Étape 2 : Conserver les preuves
Conservez les courriels, SMS, rapports d’activité et témoignages : ils sont indispensables pour étayer le dossier.
Étape 3 : Saisir le conseil de prud’hommes
Si la situation perdure, le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes pour faire reconnaître le harcèlement moral au travail et obtenir réparation.
Les juges peuvent prononcer :
Bon à savoir : La prescription pour agir est de 5 ans à compter du dernier acte de harcèlement.
Sanctions encourues par l’auteur de harcèlement moral
Le harcèlement moral au travail est une faute disciplinaire grave, mais aussi un délit pénal.
L’article 222-33-2 du Code pénal prévoit une peine maximale de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
Si le harcèlement entraîne une incapacité temporaire de travail supérieure à 8 jours, la peine peut être aggravée.
Exemple :
Un employeur condamné pour harcèlement moral ayant provoqué la dépression d’un salarié a écopé de 18 mois de prison avec sursis et 10 000 € d’amende.
Bon à savoir : La victime peut également demander une indemnisation devant le juge pénal en se constituant partie civile.
Harcèlement moral au travail : agir, c’est se protéger
Le harcèlement moral au travail ne doit jamais être minimisé.
Derrière chaque situation se cache souvent une souffrance silencieuse, parfois amplifiée par la peur de perdre son emploi.
Mais le droit protège les salariés : aucune sanction ni rupture de contrat ne peut être prononcée à l’encontre d’une personne ayant signalé un harcèlement moral.
Bon à savoir : L’article L1152-2 du Code du travail garantit cette protection contre les représailles.
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Vous pensez être victime de harcèlement moral au travail ? N’attendez pas que la situation s’aggrave.
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