👉 Licencier un salarié n’est jamais une décision simple. Elle peut avoir des conséquences financières, humaines et juridiques importantes. C’est pourquoi le Code du travail encadre strictement la procédure. Un employeur qui ne respecte pas les règles risque une condamnation devant le Conseil de prud’hommes, parfois très coûteuse. Cet article vous explique en détail comment licencier un salarié : étapes et obligations légales, les erreurs à éviter et le rôle crucial d’un avocat en droit du travail.
Un licenciement n’est légal que s’il repose sur une cause réelle et sérieuse
Avant même de commencer la procédure, l’employeur doit vérifier qu’il dispose d’un motif valable. En droit français, tout licenciement doit être justifié par une cause réelle et sérieuse (articles L1232-1 et suivants du Code du travail).
Table des matières
- Cause réelle : le motif doit être objectif et vérifiable (et non pas une appréciation personnelle ou discriminatoire).
- Cause sérieuse : le fait reproché doit être suffisamment grave pour rendre impossible le maintien du salarié.
Deux catégories principales de licenciements existent :
- Le licenciement pour motif personnel : insuffisance professionnelle, fautes disciplinaires, inaptitude médicale, perte de confiance justifiée.
- Le licenciement pour motif économique : difficultés économiques, mutations technologiques, réorganisation nécessaire à la compétitivité de l’entreprise.
Bon à savoir : un licenciement fondé sur un motif discriminatoire (âge, sexe, état de santé, opinions, origine…) est nul. Le salarié peut alors demander sa réintégration ou de lourdes indemnités.
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Étape 1 : convoquer le salarié à un entretien préalable
La première étape est d’informer officiellement le salarié. L’employeur doit lui adresser une convocation écrite à un entretien préalable.
Cette convocation doit :
- être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR) ou remise en main propre contre décharge,
- préciser la date, l’heure et le lieu de l’entretien,
- indiquer que le salarié peut se faire assister par une personne de son choix (collègue ou conseiller extérieur inscrit sur une liste préfectorale).
Un délai minimum de 5 jours ouvrables doit être respecté entre la présentation de la convocation et l’entretien.
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- Pour un licenciement pour motif personnel, le délai minimum est de 2 jours ouvrables.
- Pour un licenciement économique, le délai est de 7 jours ouvrables (15 jours pour un cadre).
- l’énoncé clair et précis des motifs,
- la qualification du licenciement (faute grave, faute simple, économique, inaptitude…),
- les droits éventuels du salarié (préavis, indemnités).
- une indemnité légale de licenciement (au moins après 8 mois d’ancienneté),
- une indemnité compensatrice de congés payés,
- éventuellement des indemnités conventionnelles plus favorables.
- le certificat de travail,
- l’attestation France Travail (ex-Pôle emploi),
- le reçu pour solde de tout compte.
- Ne pas licencier pendant un arrêt maladie lié à un accident du travail ou une maladie professionnelle.
- Ne pas licencier une salariée enceinte ou un salarié protégé sans autorisation de l’inspection du travail.
- Respecter les délais légaux entre les étapes de la procédure.
- Omettre l’entretien préalable.
- Envoyer une convocation mal rédigée.
- Notifier le licenciement sans motif clair.
- Choisir un motif inapproprié (par exemple, qualifier de faute grave une simple erreur).
- Ne pas respecter les délais entre convocation, entretien et notification.
- la régularité de la procédure,
- la réalité et le sérieux du motif.
- des dommages et intérêts selon le barème Macron (de 1 à 20 mois de salaire selon l’ancienneté),
- des indemnités supplémentaires (préavis, congés payés, primes non réglées),
- parfois la réintégration du salarié (rare).
- informer et consulter le comité social et économique (CSE),
- rechercher des solutions de reclassement,
- respecter l’ordre des licenciements (ancienneté, charges de famille, compétences),
- proposer un contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ou un congé de reclassement.
- Côté employeur : il sécurise la procédure, vérifie la légalité du motif et rédige les lettres.
- Côté salarié : il analyse la régularité du licenciement et aide à contester devant les prud’hommes.
Étape 2 : tenir l’entretien contradictoire avec le salarié
Lors de l’entretien préalable, l’employeur expose les motifs du licenciement envisagé et recueille les explications du salarié. Cet échange contradictoire est obligatoire, même si l’issue semble déjà décidée.
L’absence de cet entretien constitue une irrégularité de procédure, sanctionnée par les prud’hommes.
Le salarié peut présenter ses arguments, proposer une alternative (mutation, formation) ou contester les faits reprochés. L’employeur doit écouter et consigner ces échanges.
Étape 3 : notifier le licenciement par lettre motivée
Après l’entretien, l’employeur doit respecter un délai de réflexion avant d’envoyer la lettre de licenciement.
La lettre doit contenir :
Bon à savoir : tout motif absent de la lettre ne pourra pas être invoqué ultérieurement devant le juge. D’où l’importance d’une rédaction rigoureuse.
Étape 4 : respecter le préavis et verser les indemnités
Sauf en cas de faute grave ou lourde, le salarié licencié a droit à un préavis. Sa durée dépend de la convention collective, du contrat de travail et de l’ancienneté du salarié.
Pendant cette période, le salarié continue de travailler et perçoit son salaire habituel. L’employeur peut décider de le dispenser de préavis, mais il doit alors verser une indemnité compensatrice.
En plus, le salarié peut avoir droit à :
Étape 5 : remettre les documents de fin de contrat
Au moment du départ du salarié, l’employeur doit obligatoirement remettre :
Sans ces documents, le salarié ne peut pas percevoir ses allocations chômage. Leur omission peut entraîner des sanctions financières pour l’employeur.
Les obligations spécifiques de l’employeur
Au-delà des étapes, plusieurs obligations légales doivent être respectées :
Un employeur qui néglige ces obligations s’expose à un licenciement jugé abusif ou nul.
Quelles erreurs éviter lors d’un licenciement ?
Les erreurs les plus fréquentes sont :
Ces erreurs entraînent des condamnations aux prud’hommes, même si le licenciement repose sur un fondement valable.
Pour en savoir plus sur les erreurs à éviter sur le licenciement disciplinaire, cliquez ici.
Que risque un employeur en cas de licenciement irrégulier ?
Le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes pour contester le licenciement. Les juges examinent :
En cas d’irrégularité ou de licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’employeur peut être condamné à verser :
Bon à savoir : un licenciement nul (discrimination, harcèlement, atteinte à une liberté fondamentale) entraîne des sanctions plus sévères et exclut l’application du barème Macron.
Licenciement économique : quelles obligations supplémentaires ?
En cas de licenciement pour motif économique, l’employeur doit :
Ces obligations spécifiques visent à protéger les salariés contre les licenciements arbitraires liés à la conjoncture.
Lisez notre article : Indemnité de licenciement plus de 55 ans
Pourquoi consulter un avocat en droit du travail ?
Le rôle de l’avocat est essentiel, pour l’employeur comme pour le salarié.
Un avocat peut aussi accompagner dans la recherche d’une solution amiable (rupture conventionnelle, transaction) pour éviter un procès.
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Conclusion : respecter la loi pour éviter les contentieux
Savoir comment licencier un salarié est indispensable pour tout employeur. Convocation, entretien, lettre motivée, préavis et indemnités : chaque étape doit être respectée scrupuleusement.
Un licenciement mal géré entraîne des risques financiers et juridiques considérables. À l’inverse, une procédure respectueuse des règles protège l’employeur et sécurise la rupture du contrat.
Que vous soyez employeur ou salarié, l’assistance d’un avocat en droit du travail est un atout majeur pour défendre vos droits et éviter les erreurs.
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