👉 Le drame survenu dans le Loiret, où un homme a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir frappé à mort sa compagne enceinte de huit mois, relance le débat sur la sévérité des peines prévues en cas de féminicide. En droit français, le meurtre conjugal constitue déjà un crime aggravé, et la grossesse de la victime renforce encore les sanctions encourues. Quelles peines prévoit la loi ? Quelles sont les circonstances aggravantes reconnues ? Comment la France se situe-t-elle par rapport à ses voisins européens ? Décryptage complet.
Table des matières
Féminicide d’une femme enceinte : le drame du Loiret
Le 16 septembre 2025, la cour d’assises du Loiret a rendu un verdict lourd : un homme a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué sa compagne, enceinte de huit mois. Le bébé n’a pas survécu. L’autre compagne de l’accusé a quant à elle été condamnée à 10 ans de prison pour violences.
Ce cas illustre la manière dont la justice française sanctionne les féminicides, en prenant en compte le lien conjugal et l’état de grossesse comme circonstances aggravantes majeures.
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Quelles peines prévoit la loi pour un féminicide en France ?
Contrairement à l’Espagne ou à l’Italie, le terme “féminicide” n’existe pas en tant que catégorie autonome dans le Code pénal français. Juridiquement, il s’agit d’un meurtre aggravé.
L’article 221-4 du Code pénal prévoit que le meurtre est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu’il est commis :
- sur son conjoint, concubin ou partenaire de PACS,
- sur une personne particulièrement vulnérable (femme enceinte, mineur, personne handicapée),
- avec préméditation,
- ou avec actes de barbarie.
Cela signifie que dans la quasi-totalité des cas de féminicides conjugaux, la peine encourue est déjà la plus lourde prévue par le droit français.
Vous êtes accusé de violences conjugales ? Notre article vous explique quoi faire.
Bon à savoir : la réclusion criminelle à perpétuité comporte une période de sûreté d’au moins 18 à 22 ans, durant laquelle aucune libération n’est possible.
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- Meurtre : le fait de donner volontairement la mort à autrui.
- Assassinat : meurtre commis avec préméditation ou guet-apens.
- Féminicide : terme sociologique et politique utilisé pour désigner le meurtre d’une femme en raison de son sexe, souvent dans un contexte conjugal.
- Ordonnance de protection : délivrée en urgence par le juge aux affaires familiales, elle interdit au conjoint violent de s’approcher.
- Bracelet anti-rapprochement : dispositif électronique qui alerte les forces de l’ordre si l’auteur s’approche de la victime.
- Téléphone grave danger (TGD) : remis à la victime, il permet d’alerter rapidement la police en cas de menace.
- Espagne : loi de 2004 sur les violences de genre, tribunaux spécialisés et baisse progressive du nombre de féminicides.
- Italie : loi Codice Rosso (2019) qui accélère les procédures et renforce les sanctions.
- Allemagne : pas de catégorie juridique “féminicide”, mais application de peines sévères en cas de meurtre conjugal.
Quelles sont les circonstances aggravantes en cas de meurtre d’une femme enceinte ?
La grossesse de la victime constitue une circonstance aggravante prévue explicitement par l’article 221-4. Elle s’ajoute au lien conjugal, entraînant un cumul d’aggravations.
Dans l’affaire du Loiret, ces deux facteurs ont conduit à une condamnation maximale. Même sans préméditation, le caractère aggravé des faits justifiait la perpétuité.
Bon à savoir : la perte du fœtus n’est pas qualifiée juridiquement de meurtre distinct en droit français. Cependant, elle aggrave le préjudice moral reconnu aux proches et pèse dans l’appréciation des sanctions.
Quelle différence entre meurtre, assassinat et féminicide ?
En droit, le féminicide est jugé comme un meurtre aggravé. Dans l’affaire du Loiret, l’absence de préméditation a conduit à retenir la qualification de meurtre aggravé et non d’assassinat.
Pour vous aider, lisez notre article pour savoir comment vous défendre contre des violences conjugales avec l’aide d’un avocat.
Les chiffres des féminicides en France : une réalité persistante
Chaque année, la France recense entre 110 et 120 féminicides conjugaux selon le ministère de l’Intérieur. En 2023, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, un chiffre quasi stable par rapport aux années précédentes.
Malgré les dispositifs créés depuis le Grenelle des violences conjugales (2019), les associations estiment que la réponse judiciaire et la prévention restent insuffisantes.
Découvrez le rôle de l’avocat contre les violences conjugales dans cet article.
Quelles mesures de protection pour prévenir un féminicide ?
Face à ce constat, plusieurs outils juridiques ont été mis en place pour protéger les femmes exposées à des violences conjugales :
Lisez notre guide pour savoir comment écrire à un juge des affaires familiales.
Bon à savoir : ces dispositifs restent encore trop peu déployés sur le terrain. En 2024, moins de 3 000 bracelets anti-rapprochement étaient actifs, alors que des milliers de situations à risque persistent.
Comment la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays européens ?
Certains pays voisins ont fait le choix de reconnaître explicitement le terme de “féminicide” dans leur législation :
La France ne reconnaît pas encore le terme “féminicide” dans son Code pénal, mais les sanctions prévues (perpétuité) figurent déjà parmi les plus lourdes d’Europe.
Découvrez comment demander une mesure de protection en urgence.
Un verdict exemplaire mais une vigilance nécessaire
Le féminicide du Loiret rappelle la gravité des violences conjugales et la sévérité des sanctions en droit français. La réclusion criminelle à perpétuité constitue la peine encourue en cas de meurtre d’une conjointe, et la grossesse renforce cette sanction.
Pour les proches, il est essentiel de se constituer partie civile avec l’aide d’un avocat en droit pénal, afin de participer au procès et obtenir réparation.
Les dispositifs de prévention existent, mais leur mise en œuvre doit être renforcée pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.
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