Le verdict est tombé le 24 octobre 2025 : Dahbia Benkired a été reconnue coupable du meurtre, précédé de viol et d’actes de torture, de Lola Daviet, âgée de 12 ans.
La cour d’assises de Paris a prononcé la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, une peine rarement infligée, réservée aux crimes d’une gravité exceptionnelle.
Mais comment la justice décide-t-elle d’une telle sanction ? Que signifie-t-elle concrètement ? Et pourquoi ce verdict a-t-il été unanimement salué comme “juste et exemplaire” par la famille de la victime ?
Table des matières
1. Un procès hors du commun
Trois ans après les faits, le procès de Dahbia Benkired s’est ouvert devant la cour d’assises de Paris, composée de trois magistrats professionnels et de six jurés citoyens.
Pendant près d’un mois, les audiences ont cherché à établir la vérité sur ce crime commis en octobre 2022, dont les circonstances avaient bouleversé la France.
Les jurés ont entendu :
- les experts psychiatres, qui ont évoqué une personnalité “manipulatrice, froide et sans empathie”,
- les témoins et enquêteurs, qui ont décrit des actes d’une extrême violence,
- et les avocats des parties civiles, qui ont plaidé la mémoire de l’enfant.
Un verdict après quatre heures de délibéré
Après quatre heures de délibération, la cour a reconnu Dahbia Benkired coupable de l’ensemble des faits reprochés :
- meurtre,
- viol,
- et actes de torture et de barbarie sur une mineure de moins de 15 ans.
La cour a jugé que la responsabilité pénale de l’accusée était pleine et entière, écartant l’hypothèse d’une abolition du discernement.
Pour aller plus loin : Accusation de viol sur mineur : ce qu’il faut savoir
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2. Pourquoi la perpétuité incompressible ?
Une peine exceptionnelle, prévue par le Code pénal
La réclusion criminelle à perpétuité incompressible est la sanction la plus sévère du droit français.
Elle ne permet aucun aménagement de peine ni libération conditionnelle, sauf circonstances humanitaires ou réexamen exceptionnel après 30 ans.
Prévue par l’article 221-3 du Code pénal, elle ne peut être prononcée que dans des cas extrêmement rares :
- meurtres précédés de viol, tortures ou barbarie sur mineur de moins de 15 ans ;
- actes de terrorisme ayant entraîné la mort ;
- ou homicides commis contre certains représentants de l’État.
Pourquoi cette peine dans l’affaire Lola ?
Dans sa décision, le président de la cour a souligné plusieurs éléments :
- l’extrême cruauté des faits, qualifiés de “véritables supplices”,
- la vulnérabilité absolue de la victime, une enfant de 12 ans,
- la dangerosité criminologique très élevée de l’accusée,
- et l’absence totale de remords ou d’explication cohérente.
Les jurés ont estimé qu’aucune peine inférieure ne garantirait à la fois la protection de la société et la reconnaissance du préjudice subi.
Bon à savoir : La “perpétuité réelle” n’est pas automatique, même pour les crimes les plus atroces.
La cour d’assises doit toujours motiver sa décision, en justifiant que la gravité et la personnalité de l’accusé rendent toute autre peine inadaptée.
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- S’il est aboli, la personne est déclarée irresponsable pénalement ;
- S’il est altéré, la peine peut être réduite ;
- S’il est pleinement conservé, la responsabilité est totale.
- la présomption d’innocence jusqu’au verdict,
- la présence obligatoire de la défense,
- et la recherche d’un équilibre entre gravité des faits et proportionnalité de la peine.
- Dahbia Benkired a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, pour le meurtre, le viol et les actes de torture commis sur Lola Daviet.
- Cette peine, la plus lourde prévue par la loi, est rare et symbolique.
- Elle reflète la volonté de la justice de protéger la société et de reconnaître la gravité absolue des faits.
- La famille de la victime a salué une décision “juste, apaisée et sans haine”.
- L’accusée dispose encore d’un droit d’appel dans les 10 jours.
3. Ce que la cour a retenu de la personnalité de l’accusée
L’audience a révélé une personnalité jugée instable mais lucide.
Les experts psychiatres ont écarté la folie : Dahbia Benkired comprenait la portée de ses actes.
Loin d’un “coup de folie”, le crime a été perçu comme un acte de domination et de cruauté consciente.
Le président de la cour a d’ailleurs déclaré :
“Son parcours difficile ne saurait expliquer un tel déferlement de haine.”
Autrement dit, le tribunal a refusé toute excuse sociale ou psychologique, considérant que les faits relevaient d’une volonté criminelle pleinement assumée.
Le discernement est une notion clé du droit pénal :
4. Le rôle des jurés : juger l’humain derrière l’horreur
Juges et jurés citoyens délibèrent ensemble à huis clos.
Leur mission : appliquer le droit, mais aussi écouter l’humanité du dossier.
Ils doivent se prononcer sur la culpabilité à la majorité de huit voix sur douze en première instance.
Dans l’affaire Lola, la délibération a été unanime.
Les jurés ont estimé que les éléments matériels (ADN, témoignages, aveux partiels) et la nature du crime justifiaient la peine maximale.
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5. La famille de Lola : une confiance retrouvée dans la justice
À l’issue du verdict, la mère de Lola, Delphine Daviet, a exprimé un mélange d’émotion et de soulagement :
“On croyait à la justice, et on l’a eue.”
Son frère, Thibault Daviet, a salué “la restauration de la mémoire et de la vérité”.
Leurs avocats ont souligné que la famille n’avait jamais réclamé la vengeance, mais la reconnaissance pleine de la gravité des faits.
La constitution de partie civile leur a permis de participer à chaque étape du procès, d’accéder au dossier et de demander réparation du préjudice moral.
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6. Peut-elle faire appel ?
Oui.
Comme tout accusé, Dahbia Benkired dispose d’un délai de 10 jours pour interjeter appel.
L’appel entraînerait un nouveau procès complet devant une autre cour d’assises, avec de nouveaux jurés.
Cet appel ne remet pas en cause la gravité des faits, mais permet de réexaminer les éléments de preuve, les expertises et la peine.
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Et après ?
Si la condamnation est confirmée, elle devient définitive.
Seule une procédure de cassation peut encore être engagée, mais elle ne porte que sur le respect du droit et de la procédure, pas sur le fond du dossier.
7. Ce que cette affaire révèle sur la justice pénale
Le verdict rendu dans l’affaire Lola ne marque pas un tournant politique ou médiatique, mais un rappel fondamental : la justice pénale ne juge pas l’émotion, elle juge le droit.
Même dans une affaire aussi insoutenable, la cour d’assises a appliqué :
C’est cette rigueur procédurale qui fonde la légitimité du système pénal français.
8. Ce qu’il faut retenir
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