Le droit des mineurs est un domaine spécifique du droit qui vise à protéger et accompagner les enfants et adolescents lorsqu’ils sont concernés par une procédure judiciaire, que ce soit en tant que victimes, auteurs d’infractions ou dans le cadre de mesures d’assistance éducative. En raison de leur jeune âge et de leur vulnérabilité, les mineurs bénéficient de règles particulières tant en matière civile que pénale.
Quels sont leurs droits lorsqu’ils font face à la justice ? À partir de quel âge un mineur peut-il être tenu pénalement responsable ? Comment la justice protège-t-elle les enfants en danger ? Dans quels cas faut-il consulter un avocat spécialisé en droit des mineurs ?
Dans cet article, nous allons répondre à ces questions essentielles pour mieux comprendre les spécificités du droit des mineurs en France.
Table des matières
Qu’est-ce que le droit des mineurs et pourquoi est-il spécifique ?
Le droit des mineurs est une notion qui recouvre toutes les procédures pouvant toucher les mineurs, donc les personnes de moins de 18 ans.
Du fait de leur âge, les mineurs sont considérés comme devant faire l’objet d’une protection ou en tout cas d’une attention particulière, ce qui leur donne accès à un certain nombres de droits tant dans les procédures civiles que pénales.
Au pénal notamment les mineurs bénéficient de droits particuliers en garde à vue, et de procédures de jugement différentes de celles des majeurs, dans un but d’accompagnement principalement éducatif, à visée de réinsertion et de prévention de la récidive lorsque cela est possible.
À quel âge un mineur est-il pénalement responsable en France ?
En France, les mineurs sont présumés capables de discernement et donc accessibles à une sanction pénale à partir de 13 ans.
Les mineurs de moins de 13 ans peuvent être poursuivis dans de rares cas et à condition de prouver qu’ils sont discernant, ils ne seront reconnus responsables pénalement qu’à de très rares occasions.
Le juge des enfants dispose d’un panel très large de mesures éducatives ou de peines pouvant être prononcées à l’encontre d’un mineur. Ces sanctions peuvent différer en fonction de l’âge et de la personnalité du mineur.
Comment fonctionne la justice des mineurs en France ?
La justice pénale des mineurs varie en fonction de l’âge de l’enfant, de la gravité des faits et parfois de sa personnalité.
Lorsqu’un mineur est soupçonné d’un crime ou si l’affaire est particulièrement complexe, une information judiciaire est ouverte à la demande du Procureur de la République. Un juge d’instruction est alors chargé de mener l’enquête. Dans les autres cas, après l’enquête de police, le dossier est directement renvoyé devant la juridiction compétente pour être jugé.
Plusieurs instances interviennent selon la nature des infractions :
- Le juge des enfants traite les contraventions les plus graves (5ᵉ classe) et les délits commis par des mineurs. Il peut aussi être saisi pour des contraventions moins graves si elles sont liées à un délit.
- Le tribunal pour enfants juge les délits plus sérieux commis par des mineurs d’au moins 13 ans, notamment lorsque la peine encourue est d’au moins trois ans de prison. Il est également compétent pour les crimes commis par les mineurs de moins de 16 ans.
- La Cour d’assises des mineurs est compétente pour juger les crimes commis par les mineurs de plus de 16 ans. Elle peut aussi être saisie lorsqu’un mineur de 16 ans ou plus est impliqué avec d’autres mineurs plus jeunes ou avec des majeurs.
Cette organisation vise à adapter la réponse judiciaire à la situation de chaque mineur, en prenant en compte son âge et les circonstances de l’affaire.
Quels sont les droits d’un mineur lorsqu’il est confronté à la justice ?
Lorsqu’un mineur est poursuivi dans le cadre d’une procédure pénale, il bénéficie de droits renforcés, en plus de ceux accordés aux majeurs.
- L’avocat est obligatoire à toutes les étapes de la procédure, de la garde à vue jusqu’au jugement.
- Un examen médical est imposé en garde à vue pour les mineurs de moins de 13 ans.
- Les représentants légaux doivent être informés des mesures en cours et, dans la plupart des cas, peuvent assister aux auditions de leur enfant.
- La durée de la garde à vue est adaptée à l’âge du mineur, et toutes ses auditions doivent obligatoirement être filmées.
- Le mineur a droit au silence, comme tout justiciable.
Ces droits existent aussi dans certaines procédures civiles, même si elles sont moins connues. Par exemple, un mineur peut être assisté par un avocat lors d’une procédure d’assistance éducative ou lorsqu’il est entendu par un juge aux affaires familiales.
Un mineur peut-il porter plainte ?
Tout mineur victime d’une infraction dispose du droit fondamental de déposer plainte, sans condition préalable d’âge ou d’autorisation parentale.
Cette démarche peut être effectuée par le mineur seul ou avec l’accompagnement d’un représentant légal (parent, tuteur) ou de toute personne de confiance qu’il aura choisie. Il est important de souligner que les forces de l’ordre ne peuvent légalement refuser d’enregistrer la plainte d’un mineur, même non accompagné.
Toutefois, dans l’hypothèse où le mineur souhaiterait se constituer partie civile pour demander réparation du préjudice subi, cette action judiciaire spécifique nécessite obligatoirement l’intervention de son représentant légal.
Dans les situations particulières où un conflit d’intérêt existe entre le mineur et son représentant (par exemple si ce dernier est l’auteur présumé de l’infraction), un administrateur ad hoc sera désigné par le juge pour représenter les intérêts du mineur durant la procédure judiciaire et exercer les droits reconnus à la partie civile en son nom.
Comment la justice protège-t-elle les mineurs victimes ou en danger ?
En France, un dispositif spécifique permet de protéger les mineurs en situation de danger. Lorsque leur santé, sécurité, moralité ou conditions de développement (physique, affectif, intellectuel et social) sont gravement menacées, le Juge des enfants peut intervenir en ordonnant des mesures d’assistance éducative adaptées. L’objectif est de garantir l’intérêt supérieur de l’enfant tout en préservant, lorsque possible, ses liens familiaux.
Qui peut saisir le Juge des enfants ?
Pour assurer une protection maximale, plusieurs acteurs peuvent saisir le juge :
- Les parents (ou l’un d’eux),
- Le mineur lui-même,
- Le service social ou éducatif en charge de l’enfant,
- Le Procureur de la République.
Dans des cas d’urgence ou de grande gravité, le Juge des enfants peut aussi se saisir d’office, sans attendre de demande formelle.
Le rôle du Procureur de la République
Le Procureur intervient généralement après avoir reçu une Information Préoccupante (IP) transmise par le Président du Conseil Départemental. Celle-ci peut provenir d’écoles, de services médicaux, d’associations ou d’autres acteurs sociaux. Ce document détaille les faits suggérant que l’enfant est en danger ou à risque.
Après analyse, le Procureur peut :
1. Classer l’affaire sans suite, si aucune intervention n’est nécessaire,
2. Saisir le Juge des enfants, qui décidera des mesures de protection adaptées, allant d’un suivi éducatif au placement temporaire de l’enfant dans une structure spécialisée. Le Procureur peut soit classer l’affaire sans suite, soit saisir le Juge des enfants pour qu’il prenne des mesures de protection en fonction de s’il juge que enfant en danger ou risque de l’être.
Quelle est la différence entre un mineur émancipé et un mineur sous autorité parentale ?
Un mineur sous autorité parentale reste sous la responsabilité légale de ses parents, qui prennent les décisions importantes le concernant et répondent des éventuels dommages qu’il pourrait causer.
En revanche, un mineur émancipé acquiert une autonomie juridique proche de celle d’un adulte. L’émancipation peut être accordée par le Juge des tutelles à partir de 16 ans, généralement à la demande des parents. Une fois émancipé, le mineur peut accomplir seul les actes de la vie civile, comme signer un contrat ou gérer son patrimoine. Toutefois, certaines exceptions demeurent : il ne peut ni se marier sans autorisation, ni adopter un enfant. De plus, ses parents ne sont plus légalement responsables de ses actes.
Un mineur peut-il être jugé comme un adulte ?
Un mineur ne peut jamais être jugé par un tribunal pour adultes.
En principe, la peine encourue par un mineur est réduite de moitié par rapport à celle prévue pour un majeur. S’il risque la réclusion criminelle à perpétuité, cette peine est limitée à 20 ans.
Toutefois, pour les mineurs de plus de 16 ans, les juges peuvent exceptionnellement décider de ne pas appliquer cette réduction de peine. Cette décision doit être justifiée en tenant compte des circonstances de l’affaire, de la personnalité du mineur et de sa situation.
Quand et pourquoi consulter un avocat spécialisé en droit des mineurs ?
Consulter un avocat spécialisé en droit des mineurs est essentiel pour protéger les intérêts de l’enfant dans toutes les procédures qui le concernent, qu’elles soient civiles ou pénales.
Si la présence d’un avocat est obligatoire en matière pénale, elle ne l’est pas toujours en matière civile. Pourtant, dans des situations comme l’assistance éducative ou une audition devant le Juge aux affaires familiales, il est crucial que l’enfant puisse être accompagné par un avocat qui lui est propre. Ce professionnel pourra l’écouter en toute confidentialité, hors de la présence de ses parents. Il instaurera une relation de confiance et surtout il portera sa voix dans des procédures où les décisions sont souvent prises par des adultes.
Conclusion
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