Depuis octobre 2025, dix personnes sont jugées à Paris pour cyberharcèlement envers Brigitte Macron. Elles sont accusées d’avoir relayé en ligne une rumeur transphobe devenue virale, remettant en cause le genre et la vie privée de la Première dame.
Ce procès, très médiatisé, permet de comprendre comment la justice traite les attaques en ligne, ce qu’est le cyberharcèlement en droit français, quelles peines risquent les auteurs et quels sont les droits des victimes.
Décryptage d’une affaire emblématique où liberté d’expression et respect de la dignité humaine se confrontent.
Table des matières
1. De quoi s’agit-il exactement ?
Depuis le 27 octobre 2025, dix personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement envers Brigitte Macron.
Les prévenus, huit hommes et deux femmes âgés de 41 à 60 ans, sont accusés d’avoir relayé ou tenu en ligne des propos malveillants sur son genre et sa vie privée. Ces messages s’appuyaient sur une rumeur transphobe devenue virale à partir de 2021, selon laquelle la Première dame serait une femme transgenre.
En août 2024, Brigitte Macron a déposé plainte. L’enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a mené à plusieurs interpellations fin 2024 et début 2025.
Ce procès s’inscrit dans un contexte plus large de désinformation et de harcèlement en ligne visant des personnalités publiques.
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2. Quelle infraction vise ce procès pour cyberharcèlement ?
Le cyberharcèlement est défini par l’article 222-33-2-2 du Code pénal. Il s’agit d’un harcèlement moral commis au moyen d’un service de communication au public en ligne.
Trois conditions doivent être réunies :
- Une répétition de propos ou comportements hostiles.
- Des effets néfastes sur la victime : angoisse, atteinte à la dignité, isolement.
- La conscience, par l’auteur, de la portée de ses actes.
Concrètement, le tribunal cherche à déterminer si les messages, retweets ou montages ont eu un effet cumulé d’acharnement numérique sur Brigitte Macron. Même un petit compte peut participer à ce phénomène s’il amplifie la diffusion d’un contenu malveillant.
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- Le cyberharcèlement sanctionne une conduite répétée.
- La diffamation publique, régie par la loi du 29 juillet 1881, punit l’imputation d’un fait précis portant atteinte à l’honneur d’une personne.
- Enfin, l’injure publique vise les expressions outrageantes ou dégradantes sans fait précis.
- Le tribunal vérifie l’identité des prévenus et lit les faits reprochés.
- Chacun est invité à s’exprimer ou à exercer son droit au silence.
- Les avocats des parties civiles décrivent le préjudice subi par la victime.
- Le parquet formule ses réquisitions et propose des peines.
- Les avocats de la défense plaident à leur tour.
- Le jugement est rendu immédiatement ou mis en délibéré.
- Des captures d’écran horodatées ;
- Des constats de commissaire de justice ;
- Des réquisitions techniques auprès des plateformes (adresses IP, historique de connexion) ;
- Des témoignages sur la diffusion et ses effets ;
- Des documents médicaux prouvant le préjudice moral ou psychologique.
- Jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 € d’amende ;
- Des peines complémentaires, comme le retrait des contenus, un suivi judiciaire, ou une interdiction d’entrer en contact avec la victime.
- Conservez les preuves (captures d’écran, liens, profils).
- Signalez les contenus aux plateformes.
- Déposez plainte dans n’importe quel commissariat ou gendarmerie.
- Consultez un avocat pour vous constituer partie civile.
- Demandez un constat à un commissaire de justice si nécessaire.
- Dix personnes sont jugées pour cyberharcèlement envers Brigitte Macron.
- Le tribunal doit déterminer si leurs publications constituent un harcèlement collectif.
- Les peines peuvent aller jusqu’à 2 ans de prison et 30 000 € d’amende.
- La liberté d’expression ne couvre pas les propos diffamatoires ou discriminatoires.
- Chaque internaute reste responsable de ses publications, même partagées « pour informer ».
3. Quelle différence entre cyberharcèlement, diffamation et injure publique ?
Les propos tenus sur Internet peuvent relever de plusieurs textes :
Ainsi, un message isolé peut constituer une injure ou une diffamation.
En revanche, une série de publications hostiles peut être qualifiée de cyberharcèlement, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’un effet de meute.
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4. Pourquoi plusieurs personnes sont-elles jugées ensemble ?
Le parquet a choisi de regrouper les auteurs présumés dans un seul dossier.
En effet, leurs publications concernent la même rumeur, la même période et la même victime.
Le tribunal évalue à la fois la responsabilité individuelle de chaque prévenu et l’impact collectif de la diffusion.
Les juges cherchent à comprendre qui a lancé la rumeur, qui l’a relayée et comment elle s’est propagée sur les réseaux sociaux.
Ce travail minutieux permet de retracer la chaîne de publication et de mesurer la gravité des faits.
5. Comment se déroule un procès pour cyberharcèlement ?
L’audience suit une structure précise :
A LIRE : Se porter partie civile : tout savoir pour défendre vos droits en justice
En pratique, la victime peut être absente. Son avocat la représente et peut demander des dommages et intérêts.
Le tribunal statue à la fois sur la culpabilité et sur la réparation civile.
6. Quelles preuves sont retenues par la justice ?
Les preuves doivent être précises et vérifiables.
Elles incluent notamment :
Bon à savoir : la suppression d’un message ne fait pas disparaître la preuve. Les enquêteurs peuvent toujours retrouver la trace d’une publication si elle a été rendue publique.
7. Liberté d’expression et satire : où s’arrête la limite légale ?
Les prévenus invoquent souvent la liberté d’expression ou « l’esprit Charlie ».
La loi française protège la satire, mais cette liberté connaît des limites juridiques strictes.
Elle ne couvre pas les propos diffamatoires, injurieux ou discriminatoires.
Ainsi, un contenu moqueur peut être toléré, mais pas s’il porte atteinte à la dignité ou incite à la haine.
La frontière se situe dans la répétition, la nature et la portée des messages.
En conséquence, le tribunal examine le ton, le contexte et les effets concrets produits par chaque publication.
8. Quelles peines risquent les prévenus ?
Selon le Code pénal, les auteurs de cyberharcèlement encourent :
De plus, le tribunal peut ordonner la publication du jugement sur les comptes concernés, pour rappeler la portée légale de la décision.
9. Pourquoi une procédure existe aussi aux États-Unis ?
Une partie de la diffusion ayant eu lieu à l’étranger, Brigitte et Emmanuel Macron ont déposé une plainte pour diffamation contre l’influenceuse américaine Candace Owens.
Les systèmes juridiques diffèrent : aux États-Unis, la liberté d’expression bénéficie d’une protection constitutionnelle plus large, mais la diffamation reste sanctionnée si elle repose sur des mensonges volontaires.
Cette démarche vise à faire cesser la propagation internationale de la rumeur et à rappeler que les réseaux sociaux ne suppriment pas la responsabilité juridique des auteurs.
10. Que faire si vous êtes victime ou témoin de cyberharcèlement ?
En cas d’attaque en ligne, agissez rapidement :
Bon à savoir : même un message partagé « pour rire » peut engager la responsabilité de son auteur s’il contribue à un harcèlement collectif.
11. FAQ
Retweeter suffit-il pour être poursuivi ?
Oui. Si le relais d’un message contribue à la répétition du harcèlement, il peut constituer une infraction.
Et si l’auteur invoque l’humour ?
L’intention humoristique ne justifie pas une atteinte à la dignité. Le juge retient les effets réels, pas les intentions.
Que risque un simple internaute qui commente ?
Tout dépend du contenu et de la répétition. Un seul message isolé injurieux peut déjà être puni.
La victime peut-elle être absente du procès ?
Oui. Son avocat la représente et plaide pour elle.
Peut-on faire appel ?
Oui. Les prévenus comme la partie civile disposent d’un délai de dix jours pour interjeter appel.
A LIRE : Décision injuste ou erreur de justice ? Faites appel !
À retenir
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