Le procès Tariq Ramadan continue de défrayer la chronique. Condamné en Suisse à trois ans de prison en 2024 pour viol, l’islamologue a épuisé plusieurs recours devant les juridictions helvétiques. À cinq mois de son procès à Paris, prévu en mars 2026 pour des accusations de viols sur trois femmes, il demande à la fois la révision de son procès suisse, un supplément d’information en France et prépare un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Retour clair et détaillé sur les procédures en cours, leurs enjeux et ce que dit le droit.
Table des matières
Procès Tariq Ramadan : où en est la procédure en Suisse ?
En septembre 2024, le procès Tariq Ramadan en Suisse a abouti à une condamnation de trois ans de prison, dont un ferme, pour viol. Cette condamnation est devenue définitive en août 2025 après le rejet de son recours par le Tribunal fédéral suisse.
Cependant, ses avocats ont décidé de déposer une demande de révision. Ce recours exceptionnel permet de rouvrir un dossier clos si de nouveaux éléments sérieux remettent en cause le jugement. En l’espèce, la défense de Tariq Ramadan s’appuie sur une expertise de stylométrie, une technique qui analyse la ponctuation, la syntaxe et le rythme d’écriture afin d’attribuer un texte à un auteur.
Selon ses avocats, cette expertise montrerait que l’une des plaignantes avait préparé des documents prouvant un « piège » tendu à l’islamologue. Ils considèrent que ces éléments constituent des faits nouveaux justifiant la réouverture du dossier suisse.
Bon à savoir : En Suisse, une révision de procès est extrêmement rare. Elle ne peut être accordée que si les nouveaux éléments apportent une probabilité sérieuse que le verdict aurait été différent.
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Procès Tariq Ramadan en France : un procès prévu en mars 2026
Parallèlement, le procès Tariq Ramadan en France doit se tenir du 2 au 20 mars 2026 devant la cour criminelle départementale de Paris. L’islamologue, âgé de 63 ans, est renvoyé pour deux viols et un viol aggravé sur une personne vulnérable.
Depuis sept ans d’instruction, il a multiplié les recours pour éviter ce procès, mais sans succès. Aujourd’hui, ses avocats déposent une demande de supplément d’information. Cette procédure permet de demander au juge de compléter l’instruction si de nouveaux éléments apparaissent. Ici encore, la défense invoque la stylométrie comme preuve que l’une des plaignantes aurait « monté un plan pour nuire ».
Si la présidente de la cour criminelle accepte ce supplément, l’audience pourrait être retardée. Dans le cas contraire, le procès aura lieu comme prévu en mars 2026.
Bon à savoir : En droit français, un supplément d’information peut être ordonné à tout moment, même juste avant l’ouverture du procès, s’il existe un doute sérieux sur un élément essentiel du dossier.
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- Ses soutiens dénoncent une « persécution judiciaire » et saluent l’usage de nouvelles expertises.
- Ses opposants estiment au contraire que ces manœuvres dilatoires visent à retarder l’échéance inévitable du procès en France.
- En Suisse : si la demande de révision est acceptée, le procès pourrait être rouvert. Dans le cas contraire, la condamnation restera définitive.
- En France : le supplément d’information pourrait retarder le procès, mais il est peu probable qu’il l’annule.
- À la CEDH : le recours prendra plusieurs années et ne suspendra pas le procès français.
Le recours annoncé devant la CEDH
Tariq Ramadan ne limite pas son action aux juridictions nationales. Ses avocats ont annoncé qu’il allait saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette juridiction internationale, basée à Strasbourg, examine les violations potentielles de la Convention européenne des droits de l’homme.
La défense estime que la condamnation suisse porte atteinte au droit à un procès équitable (article 6 de la Convention). Le recours pourrait viser l’absence de prise en compte de certaines expertises ou la manière dont les juges suisses ont apprécié les preuves.
Cependant, la CEDH ne rejugera pas l’affaire. Elle vérifiera seulement si les droits fondamentaux de Tariq Ramadan ont été respectés durant la procédure.
Bon à savoir : La CEDH ne peut annuler un jugement national, mais elle peut condamner un État à indemniser une personne ou à rouvrir exceptionnellement une procédure.
Pourquoi ces recours suscitent-ils débat ?
Le procès Tariq Ramadan divise profondément l’opinion.
Le débat est également juridique. La stylométrie, par exemple, reste une méthode contestée : certains experts la considèrent fiable, d’autres estiment qu’elle ne peut suffire à remettre en cause un témoignage.
Enfin, la perspective d’un nouveau procès en France pose une question essentielle : la justice pourra-t-elle mener des débats sereins sur un dossier aussi sensible médiatiquement et politiquement ?
Quelles suites possibles ?
Plusieurs scénarios se dessinent :
Le procès Tariq Ramadan à Paris, prévu pour mars 2026, reste donc la prochaine étape majeure. C’est devant la cour criminelle départementale que se jouera l’avenir judiciaire de l’islamologue.
Conclusion
Le procès Tariq Ramadan illustre la complexité des affaires judiciaires internationales impliquant des personnalités publiques. Entre la révision demandée en Suisse, le supplément d’information en France et le recours annoncé à la CEDH, ses avocats utilisent toutes les voies offertes par le droit. Reste à savoir si ces stratégies infléchiront le cours de la justice ou si elles ne feront que retarder l’inévitable confrontation devant les juges parisiens.
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